Les maisons, les voitures, les arbres, les habitants sont la cible de dégradation de la part des colons extrémistes, qui se sentiraient encouragés par le climat politique qui conforte la colonisation depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche.
Sur le bord du village d’Assiryia Al Qabilyia, la maison d’Ahmed Abdel Basset porte la balafre des attaques de colons. Depuis une semaine toutes les fenêtres sont grillagées. C’est une protection contre les jets de pierre. Mais cela n’empêche pas les attaques et l’angoisse, dit le père de famille.
Assiryia Al Qabilyia est planté à une centaine de mètres d’une colonie extrême parmi les extrêmes. L’an dernier, d’après le maire du village, les attaques ont augmenté. Ce secteur au sud de Naplouse concentre presque la moitié des incidents. Majoritairement ces colons extrémistes vandalisent les maisons, les voitures, les cultures. Dans le village 90 oliviers ont été déracinés ou brûlés cette année d’après le maire.
En 2018, l’ONU a recensé plus de 260 attaques
C’est un pic par rapports aux deux années précédentes. Elles avaient été marquées, en Israël, par une prise de conscience du danger des colons extrémistes. Mais cette prise de conscience n’a pas résisté à l’idéologie du gouvernement, estime Michael Sfar, avocat pour l’ONG israélienne Yesh Din qui défend les droits des Palestiniens : "Ça fait partie d’un système qui vise à faire partir les Palestiniens des terres agricoles pour les récupérer par la violence. Et ça fait partie d’une vision globale et grandissante, à la fois raciste, et juive suprématiste qui est promue par des colons extrémistes, explique Michel Sfar.
Pour l’avocat de l’ONG israélienne Yesh Din, cette vision "devient de plus en plus acceptable par le courant dominant de l’aile droite. D’un côté le gouvernement n’accepte pas cette idéologie. Mais de l’autre il en apprécie beaucoup les résultats parce que les colons qui utilisent la violence permettent aux colonies juives de s’agrandir sur des terres qui étaient utilisées par des Palestiniens. Il y a des effectifs de police, il y a des commissariats, mais je les vois plus comme des épouvantails, sans âme. En réalité, les colons profitent pratiquement d’une totale immunité pour ce qu’ils font."
2018 a été marquée par le soutien américain à la droite nationaliste et par une longue période de très forte tension en Cisjordanie occupée qui a fait plusieurs morts Israéliens et Palestiniens depuis le mois d’octobre.